Déclaration de l’Union syndicale Solidaires au Conseil Supérieur de l’Éducation du 9 juin 2022

Rédigé le 10 juin 2022 par Christine Despretz

Les prix flambent – c’est maintenant 5% d’inflation prévisionnelle sur un an (INSEE)- et rien ne se passe ou si peu. Des millions d’entre nous doivent faire chaque jour des choix de plus en plus tendus sur l’alimentation, les déplacements, les loisirs, le logement, les factures, la situation devient plus dure de semaine en semaine.

On nous dit que l’inflation et l’explosion des prix est liée à la guerre en Ukraine, qu’il n’y a pas grand-chose à faire. Pourtant la période n’est pas difficile pour tout le monde : en France, de mars 2020 à octobre 2021, la fortune des milliardaires français a augmenté de 86% ! Pour 2021, selon l’Observatoire des multinationales, les entreprises du CAC 40 ont distribué 80 milliards d’euros aux actionnaires ! Et plus de 1 000 milliards de dollars sont cachés dans des paradis fiscaux, dont 40 milliards de dollars pour la France. Définitivement, de l’argent il y en a ! Il est temps d’une revalorisation massive des salaires, pensions et minimas sociaux. La revalorisation des salaires des personnels de l’enseignement c’est pour quand ?

L’Union syndicale Solidaires refuse que cette situation se poursuive.

L’Union syndicale Solidaires et les fédérations de l’éducation qui la composent alertent le nouveau gouvernement sur la précarisation des futurs collègues : des chiffres au concours 1 et 2nd degrés confondus (les admissibles ne seront pas tous admis et couvriront au mieux 1/4 des besoins sur le terrain). De même, le nombre de demande de ruptures conventionnelles est en augmentation exponentielle dans les rectorats. Cette précarisation de nos métiers engendre la destruction des services publics et de l’éducation nationale. Pourquoi cette mise à mal des services de l’éducation nationale, des rectorats et des établissements qui manqueront cruellement d’enseignants sur le terrain. Ce déficit, toujours plus important, ne sera pas sans conséquence sur le niveau des élèves dans notre pays.

Monsieur le Président et Monsieur le ministre voudraient généraliser une approche qui consiste à mettre des moyens tout en donnant plus de liberté pédagogique aux enseignants avec l’idée de l’école du futur. Des effets d’annonces qui contredisent totalement la réalité vécue dans les établissements. Faire du « tout local » a contribué, au contraire, à enfermer les professeurs dans un système bloqué par les chefs d’établissement. Les moyens donnés aux personnels de l’éducation nationale ne restent que des chimères.

Alors que le métier n’attire plus et que certaines académies doivent lancer en urgence des campagnes de recrutement local d’enseignant⋅es contractuel⋅les, ni formées ni titulaires d’un concours. Les entretiens de recrutement très rapides sont menés par des inspecteurs·trices avec la condition de recrutement d’être titulaire d’un bac +3 minimum. 

L’Union syndicale Solidaires et les fédérations de l’éducation qui la composent désapprouvent entièrement cette méthode qui dénigre de nouveau le travail des enseignants en laissant croire que les compétences professionnelles et les connaissances disciplinaires nécessaires pour exercer les missions concernées sont minimales.

L’Union syndicale Solidaires s’oppose fermement à la politique menée actuellement et se mobilisera pour les statuts des personnels du premier et du second degré, pour des augmentations significatives de salaires et pour un plan d’urgence pour l’école avec des recrutements massifs de titulaires.

L’Union syndicale Solidaires et ses fédérations de l’éducation dénoncent, une fois de plus, la réforme Blanquer du baccalauréat, qui au fil des modifications continue à détériorer les conditions de travail des personnels et les conditions d’études des élèves. La remise en cause du caractère national du baccalauréat favorise les inégalités scolaires, il est évident que les moyens financiers, matériels et humains ne sont pas les même selon les types établissements. Parcoursup, annoncé comme « un meilleur accompagnement vers le supérieur » « pour envisager l’avenir avec confiance » a des effets plus que néfastes sur l’orientation des élèves. La décision d’imposer aux lycéens un choix de priorités parmi les vœux restants, dans un temps très court du 15 au 18 juillet 2022, va encore déstabiliser les élèves.

Les fédérations de l’éducation de l’Union syndicale Solidaires revendique l’abrogation de la réforme du lycée et du baccalauréat, la suppression de Parcoursup et l’accès à tous les bacheliers et bachelières dans la filière de leur choix par la création de places nécessaires dans l’enseignement supérieur.

Nous réclamons plus de moyens pour nos collègues broyé.es par un système qui déshumanise toujours plus, où la souffrance au travail est bien réelle. Les hiérarchies ne reconnaissent pas la valeur de ce qui est réalisé par les enseignant.es. La souffrance psychique due aux exigences des directions d’établissements face au contexte compliqué de l’apprentissage post-confinement et la quantité de travail excessive imposée par le ministère accentuent les risques psychosociaux liés au travail. Le contrôle continu, par exemple, entraînant la mise en concurrence des enseignants entre eux en comparant les résultats des matières donne lieu aussi à des agressions verbales de la part des élèves et à des pressions inappropriées de la part des familles. L’isolement d’un enseignant face à sa classe doit être compensé par une collaboration des équipes pédagogiques avec leurs chefs d’établissement, ce n’est pas le cas.  Nous attendons le soutien des directions de nos établissements ainsi que le soutien de notre administration sans quoi la santé des personnels de l’éducation nationale continuera à se dégrader.

Les livrets scolaires et les corrections en numérique, fatigues supplémentaires en cette fin d’année, participent à la mise sous contrôle du travail des professeurs. Le contexte de travail devient insupportable pour beaucoup de personnels.

Pour l’union syndicale Solidaires et les fédérations de l’éducation qui la composent, concernant l’éducation nationale, d’importantes décisions sont à prendre en remplacement des promesses non tenues.

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